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Lorsqu’Odette Roux a été élue maire des Sables d’Olonne en mai 1945, l’affaire a fait grand bruit. Quoi, une femme, jeune, communiste, institutrice laïque, sans expérience, à la tête de la ville des Sables-d’Olonne, plus belle plage d’Europe, grand port de pêche, station balnéaire chic jalousement gérée par la droite vendéenne conservatrice et pieuse ? Chic, mais populaire pourtant. Chic, mais grouillante de vie, d’ouvriers de marine, de marins-pêcheurs, de femmes travaillant dans les conserveries à toute heure du jour ou de la nuit, au rythme des marées. Et attirant des milliers de baigneurs trop heureux de jouir des premiers congés payés durement acquis.

Nous sortions de ces longues années d’occupation et toutes ces poignées de résistants avaient fini par faire masse, parvenant à inverser la vapeur -au prix, certes, de bien des souffrances. En mai 1945, la population se réveillait du cauchemar avec une envie de vivre et surtout, de prendre possession de son destin qu’elle avait failli laisser aux mains de la barbarie. Grâce à ces groupuscules d’hommes et de femmes qui eux, n’avaient jamais cessé de croire à une issue possible et luttaient de toutes leurs forces, de tout leur cœur et de toute leur âme contre l’insupportable et l’indigne. Pour sauver l’Humain en l’Homme.

Odette Roux faisaient partie de ceux-là et y a laissé plus que des plumes. La liste de résistants anti-fascistes qu’elle a rejointe à la Libération a remporté la victoire aux élections municipales de mai 1945, grâce, notamment, au vote des femmes. C’était la première fois que les femmes votaient, souvenez-vous-en ! Quant à endosser le rôle de maire, «  il fallait bien que quelqu’un le fasse », nous a-t-elle simplement dit. Et pourtant la tâche était ardue et elle a bravé beaucoup d’adversité, on n’a même pas idée... Ne baissant jamais les bras, Odette n’a cessé de poursuivre tout au long de sa vie, dans tous les engagements pris, cette quête de paix, de liberté et de justice.

Et pour elle, d’avoir pu imaginer qu’aux élections municipales de ce printemps 2014, les valeurs qui l’ont portée et pour lesquelles elle s’est battue avec acharnement, vont peut-être retrouver force et vigueur et en tous les cas, une place légitime dans le paysage politique local, qu’elles auront l’opportunité d’être écoutées et surtout, entendues, je crois que cette pensée-là a certainement dû l’aider à franchir avec sérénité le cap ultime.

Odette Roux passe le relais, nous transmet le flambeau. Elle a rendu les armes mais nous a légué l’espoir que ce jour « couleur d’orange » viendra. A moins que ce ne soit le « grand soir »...

Fanny Proust.

 

Odette Roux nous a quittés
Notre peine est immense
 
Odette Roux nous a quittés. Nous sommes profondément tristes. C’est une grande figure nationale et départementale qui est disparue. Le 17 janvier 2009, nous étions présents à ses côtés quand lui a été remise la Légion d’honneur.
Odette « l’institutrice », nommée à son premier poste en 1936. Un engagement dans l’école qu’elle n’aura jamais quitté. L’école publique lui tenait à cœur. Son combat pour l’éducation et la laïcité a été toute sa vie.
Odette, la « résistante », devenue « Simone Petit » dans la clandestinité, aux côtés de son mari « Frédo », « héros de la Résistance en Vendée », sauvagement assassiné à la prison militaire allemande de la Roche sur Yon.
Odette « l’internationaliste féministe », représentant la France à la Fédération Démocratique des Femmes à Berlin et qui a porté la parole des femmes d’Hanoï à Pékin et dans tant d’autres régions du monde.
Odette la « Femme élue ». Alors qu’après la guerre, en 1945, les femmes votent pour la première fois, elle est la première femme -et seule femme- élue maire d’une ville Sous-Préfecture en France. Odette devient Maire des Sables d’Olonne. Elle a 27 ans. Elle est communiste.
Odette la « militante ». Militante au sein du syndicat des enseignants, le « syndicat des Instituteurs », militante au Parti Communiste Français dès 1941, qui était alors « clandestin ». Odette a contribué à mettre en place le PCF en Vendée. Elle a été de tous ses combats,  très souvent candidate à toutes les élections : municipales, cantonales, législatives…
Odette la « mère courage », qui a toujours su prendre en main son avenir et celui de ses proches, tout particulièrement de Line, sa fille et de ses petits et arrière petits enfants. Jusqu’au bout elle a lutté, relevant le défi de la dignité. Et c’est dans cette dignité que sa vie, sa si belle vie, s’est arrêtée là.
Merci Odette de tout ce que tu nous lègues comme valeurs, celle de l’amitié bien sûr, mais celles qui figurent encore au fronton de nos mairies « Liberté-Fraternité-Egalité ».
 Adieu Odette.
 
 Au nom des communistes de Vendée
Pour l’Exécutif départemental du PCF
Marie-Françoise Michenaud, Caroline Pottier,Bernard Violain
 

La cérémonie d’au-revoir aura lieu au Crématorium Lemarchand à Olonne sur Mer, mercredi 5 février à 10h30. Après la crémation, la famille et les amies et amis d’Odette organisent une réception à 12 heures, salle des Sauniers aux Sables d’Olonne

 

Odette Roux

Odette Roux